Bonjour à tous !
Aah, ça faisait longtemps... Mais pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Ces deux derniers mois, j'ai passé le plus clair de mon temps à GOAL. Rien qui vaille la peine d'être raconté mais le bonheur au quotidien. Mon travail de recherche des familles biologique n'était pas facile, il est vrai. Mais l'ambiance au boulot était formidable, le bureau lui-même situé dans le quartier de Hongik que j'adore, mes collègues adorables et mes supérieurs aussi gentils qu'efficaces. Après un été pareil, la rentrée va être dure...
C'est pour ça que j'ai profité des derniers jours de vacances pour répondre présente à la dernière invitation du PCNB pour ses blogueurs préférés : une escapade éclair d'une journée (pluvieuse, hélas) à Gwangju, la plus grande ville du sud-ouest du pays.
Tout d'abord, si l'on s'intéresse un tant soit peu à l'histoire moderne de la Corée, il est difficile d'ignorer que dans les années 1980, la Corée était encore une dictature militaire extrêmement violente. En mai 1980 (et non 1988, merci à Marc d'avoir relevé l'erreur) ont eu lieu à Gwangju des insurrections pour protester contre l'oppression (en particulier l'instauration de la loi martiale) et réclamer la démocratie, et celles-ci ont été réprimées dans le sang.
C'est donc tout naturellement que nous commençons notre visite par une petite cérémonie au parc du 18 mai, date qui a marqué le début des émeutes.
Au milieu se trouve un monument représentant deux mains stylisées qui encadrent un oeuf, symbole du renouveau de la démocratie :
L'ambiance est sereine :
Mais la musique martiale qui passe dans les hauts-parleurs nous rappelle la solennité de l'endroit :
Nous arrivons au pied du monument et on nous demande de nous recueillir à la mémoire des centainesde personnes mortes pendant la répression de l'insurrection. Il y avait de nombreux membres des milices de citoyens constituées pour combattre les troopers du gouvernement, mais aussi énormément de civils rafflés au hasard. On n'a jamais su combien exactement.
Nous nous rendons ensuite dans une salle de projection pour regarder une courte vidéo relatant les événements sanglants, à grand renfort d'images d'archives (surtout de la télé japonaise) à la limite de l'insoutenable, appuyées par des témoignages de journalistes américains racontant les troopers envoyés par Chun Doo-Hwan qui les ont mis en joue et comment ils ont senti le vent de la balle à leurs oreilles.
Dans la salle, il y avait également un groupe de visiteurs âgés. Quand la guide leur a demandé se cela ne les dérangeait pas qu'on passe le film en anglais pour nous, ils ont acquiescé avec de larges sourires. J'ai trouvé ça vraiment sympa.
Ensuite arrive l'heure du déjeûner, dans un très joli cadre :
Comme l'indique ce set de table, ce restaurant s'appelle Aeluhwa, ce qui signifie "que c'est bien !". Et il mérite bien son nom, tant l'atmosphère est relaxante et les serveuses, souriantes.
On nous a servi une pléthore de petits plats, tous plus succulents les uns que les autres. Avec une telle quantité, il y avait à peine besoin de riz et de soupe !
Et mention spéciale au dessert : du sikkye au potiron ! Le sikkye, c'est une boisson fraîche au riz un peu sucrée, et le potiron lui donne encore plus de douceur, c'est parfait pour l'été étouffant coréen !
Une fois nos estomacs bien replis, nous nous rendons au service des relations publiques de Gwangju pour y découvrir le nouveau projet de la municipalité. Il ne s'agit de rien moins qu'un centre culturel où les arts et spectacles de toute l'Asie pourront s'épanouir. Ce complexe inclut entre autres une agence d'information, de promotion et d'échanges culturels et un théâtre. Le coup d'envoi du projet a été marqué par la constitution d'un orchestre formé de musiciens d'une dizaine de pays asiatiques. Le complexe sera achevé dans quelques années. Voici en avant première à quoi cela ressemblera :
Le complexe s'appelle "Forêt de lumière". En effet, l'architecte a laissé la part belle à la verdure.
Mais pour l'instant, on n'en est encore aux échafaudages :
Nous avons même eu droit à un petit speech de la part du directeur des relations publiques de Gwangju, ce qui prouve bien que les blogueurs du PCNB sont considérés comme des interlocuteurs de choix par les communicants coréens officiels.
A la fin de la visite, chacun d'entre nous reçoit un cadeau dans une petite boîte oblongue. Mauvaise langue, je me dis qu'avec un stylo en plus, je vais pouvoir ouvrir une papeterie... Mais en fait, c'est une très belle montre avec les caractères du premier alphabet coréen sur son cadran !
On enchaîne sur le festival des musiques des musiques du monde, une autre manifestation qui fait de Gwangju une ville très dynamique en matière de culture.
La première partie du programme a lieu au Bitgoeul Civic Center, avec Debashish Bhattacharya, un génie de la guitare indienne.
Après un dîner de bibimpap, le plat incontournable de la région, nous nous rendons au Pungam Sports Park pour un concert en plein air sous une pluie en pointillé...
Tout d'abord,
Tutu Kame, un groupe folklorique de Sarawak en Malaisie. Quand je les ai entendus, j'aurais juré qu'ils étaient d'Amérique du Sud, tellement leur musique pleine d'énergie rappelait les rythmes latinos (c'est peut-être une vision un peu réductrice...) Voici une vidéo que j'ai prise avant qu'apparaisse sur les écrans l'annonce interdisant les prises de vue...
Le public avait l'air d'apprécier, malgré la pluie intermittente :
Et nous avons dû repartir avant le meilleur : du samulnori fusionné avec du jazz. Et pas avec n'importe qui.
Kim Dok-soo est une pointure du samulnori, et il était accompagné de Ahn Suk-sun, considérée en Corée comme un trésor vivant du pansori, et qui s'est aussi produite à Avignon. Le trio de jazz Red Sun assurait la partie jazz. Nous avons dû repartir pour Séoul avant le début mais ce que j'ai réussi à entendre pendant la balance était absolument magnifique.
Et nous sommes repartis à Séoul, encore une fois épuisés mais contents !